La conscience écologique grandit peu à peu en Grèce. La taxe sur les sacs en plastique à usage unique, imposée dans les supermarchés depuis 2018, accorde une pause aux acheteurs. En refusant en direct une paille en plastique pour son café froid, lors de sa visite à Athènes, le Prince Charles a divisé les commentateurs, qui admiraient sa conscience écologique et se moquaient de sa moustache de lait. Cependant, même avant que le mouvement de réduction, de réutilisation et de recyclage ne fasse la une des journaux, de jeunes entrepreneurs grecs repêchaient des déchets dans la mer et dans les décharges et les utilisaient pour créer des articles ménagers et des accessoires aussi charmants qu'éthiques.
Rokani: Tout en bois
Dans les poubelles des rues d'Athènes, il n'est pas rare de voir de vieux tiroirs, lits et palettes en attente d'être portés à la décharge. Rokani donne une deuxième vie à ces objets. « Tout a commencé alors que l'un de nous rénovait sa maison. On a fait l'expérience de recycler quelques palettes et puis, on s'est dit : «Pourquoi ne pas poursuivre?», explique Stratos Hadjiyiannakis, l'un des cinq membres fondateurs de Rokani. «On venait tous d'un milieu technique. Après la crise économique, on cherchait une occasion de créer quelque chose pour nous-mêmes.»
Ils se sont installés dans un petit atelier et se sont mis à récupérer des palettes, des chambranles de porte et d'autres objets en bois. Après les avoir nettoyés, limés et poncés, ils les transforment en étagères, en lits, en armoires, en tables, en lampes et même en jouets. L'équipe possède un petit magasin dans la galerie Stoa Emboron, mais fabrique également des objets sur commande. Si vous voyez en ligne quelque chose qui vous plaît, envoyez-en une photo à Rokani. Vous recevrez un devis et on vous fabriquera l'objet que vous désirez. Si vous changez de mobilier ou de décoration, les articles que vous aviez achetés à Rokani seront repris, peu importe leur état, et vous recevrez 30% de leur valeur actuelle sur un nouvel achat. «Nous promouvons le recyclage, mais aussi une économie cyclique», explique Hadjiyiannakis. «Au lieu de jeter quelque chose, rendez-le-nous : nous lui trouverons une utilité.»
Prix : 25-30€ pour une étagère, 150-400€ pour une table.
3Quarters: L'auvent dans toute sa splendeur
Un accessoire pratique et durable, un produit zéro déchet et un souvenir typiquement athénien: tous ces aspects sont réunis en un sac totalement stylé. Pourtant, quand John et Gary(falia) Pitsaki, frère et soeur, ont quitté leur emploi respectif de développeur web à Londres et d'architecte à Rotterdam, pour créer 3Quarters à Athènes, leur projet était un pari pur et simple. «Nous voulions créer un produit économique, avec un matériau typique d'Athènes, utilisé et gaspillé en grande quantité», explique Gary. Les auvents de toile, qui abritent du soleil les appartements athéniens depuis les années 1950, se sont imposés à leur esprit.
«Nous ne savions pas s'ils étaient utilisables», précise John. Il a fallu au duo un an de tests, pour trouver comment résoudre les problèmes d'approvisionnement, de pliage et de couture de ce tissu résistant. Utiliser de vieux auvents n'est pas pratique, à cause des défauts dus aux conditions météorologiques et aux produits chimiques utilisés pour les nettoyer. Aussi, ont-ils décidé de se servir des restes qui s'accumulaient dans les ateliers des fabricants avant d'être jetés. Gary examine chaque lot de pièces de toile inutilisées, les trie par couleur et les assemble; ensuite, John les transforme en sacs uniques.
Parmi leurs modèles, le sac à dos «James», très apprécié, la pochette « Sophia » et le sac de plage et de yoga « Sunny », avec des sangles, pour transporter une serviette ou un tapis de yoga. Les combinaisons de couleurs vont du flamboyant orange de Kypseli au bleu vif typique d'Exarchia. Des motifs tropicaux luxuriants, qui ornaient l'intérieur des auvents afin d'apporter une touche exotique aux appartements ternes des années 1960, réapparaissent sous la forme de sympathiques doublures dans les sacs 3Quarters. Ces derniers sont tous disponibles en version végane (hormis le «James», pour le moment), avec des lanières en toile plutôt qu'en cuir.
Les prix vont de 28€ (pour les sacs à lunch «Cookie») à 165€ (pour les sacs à dos «James»).
Thela : Des cycles de vie
Déménager de Mumbai à Athènes en 2017 a donné à la graphiste Diti Kotecha l'occasion de planter une graine : une idée qui lui trottait dans la tête depuis 20 ans. Avec ce nouveau départ dans un pays où l'on distribuait des sacs en plastique sans compter, elle a pu combiner ses compétences en crochet, sa créativité et son dévouement au développement durable en lançant Thela: une collection d'accessoires aux couleurs vives, tous réalisés entièrement à partir de sacs plastiques jetés. Ces derniers sont lavés, séchés, coupés en fils et crochetés pour former des broches, des boucles d'oreille, des sous-verres et des tapis.
«Mon objectif est de transformer des déchets en de beaux objets créatifs, durables et qui ne semblent pas vraiment recyclés », explique Kotecha. Pour créer un superbe tapis rond Chatai gris ardoise et jaune, il faut presque 60 sacs en plastique, récoltés sur les plages, dans les champs, dans les océans ou dans les décharges - ce qui permet d'épargner une partie du million d'animaux tués chaque année par des sacs en plastiques. Rien n'est gaspillé : Kotecha se sert des poignées et des soudures des sachets, inutilisables en tant que fils, pour faire des pompons.
Les sacs fins sont photodégradables. Comme le crochet rend les fils résistants, Kotecha évite d'ajouter des enduits anti-UV, car ils sont hautement toxiques et empêcheraient un nouveau recyclage. Des années après leur utilisation initiale en tant que sacs, les créations Thela peuvent se ternir. Mais comme le dit Kotecha : « Plus on pourra empêcher ces plastiques et produits chimiques d'arriver dans les océans ou les décharges, mieux ce sera.»
Les prix vont de 10€ (broches) à 80€ (tapis).
PHEE: Rivage rêvé
Stavros Tsompanidis a trouvé son idée géniale alors qu'il se promenait sur la plage de Marathon avec des amis. Il regardait distraitement les algues échouées sur le rivage, qui formaient un point d'interrogation. «Quelle est l'histoire de cette matière première? Comment peut-on s'en servir? Que va-t-elle devenir?» La réponse à cette dernière question est la suivante: l'immense quantité qui atterrit sur les côtes est en majeure partie nettoyée par les municipalités et jetée à la décharge. Pour trouver les réponses aux deux premières questions et fournir une réponse alternative à la troisième, il a fallu que Tsompanidis collabore avec l'ingénieur en mécanique Nikolaos Athanasopoulos. Trois ans de recherche et de développement ont été nécessaires avant la naissance de PHEE.
Tsompanidis a été repris par Forbes dans son top des « 30 [innovateurs de l'industrie européenne] de moins de 30 ans » en 2018. La PHEE-Board, brevetée, est constituée de posidonie de Méditerranée, algue récoltée sur les plages d'Achaïe, dans le Péloponnèse. Elle est convertie en objets durables tels que des coques pour téléphones portables ou des raquettes de plage. Vous trouverez même des lunettes de soleil, réalisées en collaboration avec Zylo, marque de lunettes grecque - il ne s'agit là que d'un des nombreux partenariats stratégiques de PHEE.
«Nous fournissons un matériau. Nous savons ce que nous pouvons faire et nous sommes conscients que nous ne pouvons pas tout faire seuls», affirme Tsompanidis. «Nous voulons trouver des entreprises qui utiliseront ce trésor de la mer et lui trouveront d'autres utilités.» La PHEE-board peut servir d'alternative écologique aux revêtements chargés de produits chimiques que l'on utilise dans les meubles et les objets de décoration des maisons, des voitures et des yachts. L'algue, durable et biodégradable, permet aussi de remplacer des objets en plastique à usage unique, tels que des gobelets et des pailles (le Prince Charles serait ravi).
Les prix vont de 22€ (boîte à cadeau) à 195€ (lunettes de soleil).
«Nous voulons trouver des entreprises qui utiliseront ce trésor de la mer et lui trouveront d'autres utilités.»
Think Sea: Nautique et chic
Think Sea sollicite les dons de vieilles voiles de planches à voile, dans son implantation sur l'île de Paros. L'équipe de designers les transforme en étuis pour téléphones ou tablettes, en sacs et en portefeuilles durables et tendance. Cela vous paraît ésotérique? En effet. Mais comme les voiles de planches ne sont pas recyclables, elles finissaient inévitablement à la décharge après un été d'utilisation. Qui sait, ce sac polochon coloré que vous regardez a peut-être mené le champion grec de la planche à voile Nikos Kaklamanakis à la victoire olympique!
Les prix vont de 25€ (étui pour iPhone) à 78€ (sac polochon).
Salty Bag: De jolis sacs pratiques
Le concept de Salty Bag ressemble à celui de Think Sea, mais avec un sport, une île (et une fourchette de prix) différents. L'équipe, installée à Corfou, utilise d'anciennes voiles de voiliers pour réaliser une série de petits sacs et de sacs de voyage. Etant donné son caractère durable et sa résistance aux intempéries, ce matériau est idéal pour réaliser des sacs solides, utilisables pendant de nombreuses années - en plus d'être imperméables. Chaque pièce est unique. Les options vont de la pochette Lacca aux teintes métalliques, prête pour une régate, au sac Kinira, d'un bleu et blanc ionien. Tous à bord!
Les prix vont de 35 € (pochette) à 350€ (sac polochon).
Shedia Art
Chris Alefantis porte son chapeau de sensibilisation sociale et environnementale. Vous avez peut-être remarqué des gens debout devant les stations de métro dans toute la ville dans des gilets rouges Shedia vendant un magazine du même nom. Visant à autonomiser les personnes en situation de pauvreté, Shedia fait bien plus que vendre un journal de rue. Les journaux invendus sont utilisés pour créer des objets d'art, des abat-jours aux pots de fleurs en passant par les horloges, les bracelets, colliers et boucles d'oreilles, par des personnes de plus de 50 ans qui avaient auparavant du mal à trouver un emploi. «Nous rendons l'invisible à nouveau visible», a déclaré Alefantis, faisant référence à la fois aux personnes qui sont aidées et aux magazines qui auraient autrement été jetés pour être recyclés. Découvrez leur magasin sur la rue Kolokotroni, qui vient également d'ouvrir un café-restaurant ou leur filiale dans la galerie marchande voisine.
Prix de 2 € (aimant frigo) à 100 € (grand abat-jour fait main).
- Kolokotroni 56, Centre Historique, 105 60
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Accessible aux fauteuils roulants
- +302130231220