Neos Kosmos, ou Nouveau Monde en français, est un quartier qui a toujours été synonyme d'espoir, que ce soit pour ceux qui ont échappé à la Grande Catastrophe d'Asie Mineure, pour les Grecs qui sont arrivés dans la capitale depuis le continent, ou pour les réfugiés du Moyen-Orient d'aujourd'hui. Historiquement calme et très peuplé, ce quartier de travailleurs situé juste en dessous de Mets et en face de Koukaki, connaît aujourd'hui une certaine renaissance. Les espaces d'art contemporain, les boutiques, les nouveaux bars et restaurants insolites, les théâtres et salles de concert fleurissent tranquillement dans ses rues étroites. Les jeunes s'assoient dans les cafés du trottoir, les mécaniciens roulent sous les capots des voitures, les habitants promènent leurs chiens sur la colline de Lambrakis, tandis que le tramway se promène presque silencieusement sur les rails en transportant les passagers vers le Pirée ou la Riviera athénienne. À Neos Kosmos, le passé coexiste avec le monde moderne de la manière la plus prometteuse qui soit.
Dourgouti
L'histoire de ce quartier commence dans les bidonvilles. Dourgouti est la zone de Neos Kosmos qui est aujourd'hui bordée de rangées d'immeubles de logements sociaux, à côté des voies de tramway. D'abord terre agricole clairsemée à la périphérie du centre d'Athènes, Dourgouti est colonisé par les Arméniens un peu avant 1920. Quelques années plus tard, à la suite de la catastrophe d'Asie Mineure, les réfugiés de Turquie affluent en grand nombre, avant que de nombreux migrants locaux viennent s’installer dans le quartier. La région est passée de quelques exploitations agricoles à quelques cabanes de fortune, puis à un véritable labyrinthe de bidonvilles. Une partie du film Magic City, sorti en 1954, se déroule dans ces bidonvilles. Finalement, à la fin des années 1930, le premier bâtiment subventionné par le gouvernement a été construit et d'autres ont suivi jusqu'en 1971. Aujourd'hui, les troisième et quatrième générations de ces réfugiés occupent encore certains appartements, tandis que d'autres abritent des réfugiés du Moyen-Orient.
Stegi
Fin 2010, la scène artistique et culturelle contemporaine athénienne a été bouleversée par l'arrivée du Centre culturel Onassis (Stegi). Cette institution adore franchir les limites, et c'est elle qui a insufflé cette nouvelle énergie en proposant des spectacles de théâtre et de danse et des expos d'arts visuels à la pointe de la technologie. L'une de ses premières expositions prestigieuses a été l'étonnante et audacieuse expo photo de Robert Mapplethorpe en 2011. Ensuite, tout s'est enchaîné. John Malkovich a joué dans des pièces à guichets fermés, Bernadine Evaristo est venue nous parler du féminisme et de l'art, et les superstars du flamenco Akram Khan et Israel Galvan sont venues marteler la scène. La fête annuelle Block Party attire des hordes d'habitants et de visiteurs dans les rues avoisinantes pour danser sur les rythmes de la musique électronique proposée par des DJ grecs et internationaux, tout comme le festival de la fondation Borderline, qui est le plus ancien festival inclusif de la fondation. Stegi est un fervent défenseur et partisan de la communauté LGBTQ+, organisant une myriade d'événements pendant le mois de la fierté d'Athènes, tout en dirigeant une station de radio internationale interculturelle appelée Stegi Radio.
Le théâtre Neos Kosmos
En 1998, un entrepôt de la brasserie Fix, qui était alors un site industriel complètement décrépit, a été restauré pour devenir un lieu incontournable de Neos Kosmos. Ne vous attendez pas à voir un bâtiment grandiose ou un tapis rouge. Il se peut même que vous ne le remarquiez pas en passant devant. Mais ce n'est pas dans l'architecture que réside la magie de ce quartier. Elle réside dans l'art. Le théâtre Neos Kosmos dispose de trois salles et présente des productions classiques et modernes, qui peuvent aller d'une nouvelle interprétation d'Elektra de Sophocle à Traces d'Antigone, la pièce de Christina Ouzounidou inspirée par le mouvement #metoo. Le quartier semble de plus en plus sensible aux habitants et aux visiteurs en situation de handicap, et ce théâtre est également connu pour son équipe qui organise des représentations dans des foyers pour handicapés et même dans une prison pour femmes. Il va sans dire que les locaux du théâtre Neos Kosmos sont entièrement accessibles.
« Mais ce n'est pas dans l'architecture que réside la magie de ce quartier. Elle réside dans l'art. »
La colline Lambrakis
Petite oasis de verdure qui contraste avec l'austérité du ciment qui l'entoure, la colline Lambrakis est connue des habitants sous le nom de vounalaki, ce qui se traduit approximativement par « petite montagne ». Un tout nouveau parc pour chiens a été aménagé et propose de nombreuses activités pour nos amis à quatre pattes : des équipements d'agilité, des haies et une rampe en bois, parfaits pour s'amuser et faire de l'exercice. Il y a une aire de jeux pour les enfants, un terrain de basket-ball et, lorsqu'il neige à Athènes, c'est là que les habitants viennent faire des batailles de boules de neige et construire des bonshommes de neige. Il y a quelques années, la ville d'Athènes a donné un sérieux coup de jeune à cette zone en réparant les bancs, en dégageant le feuillage et en installant des lumières, offrant ainsi à Neos Kosmos un coin de verdure bienvenu dans un quartier bien cimenté. Pendant la Seconde Guerre mondiale, cette colline abritait un dépôt de munitions et une prison militaire. Les vestiges de ces deux bâtiments ont disparu depuis bien longtemps.
EMST
Le Musée national d'art contemporain a mis du temps à voir le jour, mais lorsqu'il a finalement ouvert ses portes en 2020, tout le monde s'est accordé à dire qu'il valait la peine d'attendre. Installé dans un impressionnant bâtiment d'après-guerre conçu par l'architecte Takis Zenetos, le musée est situé entre les avenues Syngrou et Kallirois, sur le site d'une ancienne brasserie de bière qui appartenait à l'origine à la famille bavaroise Fix.
L'EMST abrite une collection permanente de 172 œuvres de 78 artistes grecs et internationaux, sous toutes les formes, de la peinture à l'installation artistique (Chryssa, Danae Stratou et Stephen Antonakos, pour n'en citer que quelques-uns). L'étage inférieur est consacré aux expositions temporaires et itinérantes, organisées en fonction des dialogues existants sur la scène artistique contemporaine en Grèce et à l'étranger.