À Athènes, l'héritage de l'histoire ancienne est présente à chaque coin de rue. Et ce même dans des quartiers en apparence dépourvus de toute empreinte historique, tels que les environs de Sepolia et Kolonos, deux quartiers situés à l'ouest du centre-ville.
Dans l'Antiquité, Sepolia abritait la Grande Oliveraie d'Athènes, qui comptait plus de 150 000 arbres. Et c’est à Kolonos que se déroule la célèbre pièce tragique de Sophocle, Œdipe à Colone. Jusque dans les années 1960, Kolonos était une région rurale, bordée par la rivière de Cephissus (appelée aussi Kifisos) autour de laquelle s'étendaient fermes et oliveraies. Les deux quartiers tels que nous les connaissons aujourd'hui ont vu le jour dans les années 1960 et 1970, lorsque les habitants de la capitale se sont déplacés en masse pour trouver du travail. Une partie de la population s'est installée à Kolonos et Sepolia pour pouvoir se rapprocher de la gare centrale de la région.
Aujourd'hui, situés à quelques stations de métro de la place Syntagma, Sepolia et Kolonos accueillent un mélange de locaux et d'immigrés tout en conservant une partie du charme athénien d’autrefois. Les boutiques locales ferment pour la sieste, les rideaux dansent sous le vent à travers les fenêtres ouvertes, les enfants courent dans les rues et font du vélo dans les parcs. Pendant ce temps, des théâtres, des espaces verts, des sites archéologiques et des galeries d’art s’implantent dans quelques endroits oubliés, alors que la région commence à marquer son empreinte dans l'histoire moderne.
Le Théâtre Kolonos
Niché au cœur de la colline verdoyante de Kolonos, ce théâtre a été construit pour rappeler ceux des temps anciens. Ainsi, loin de l'agitation du centre-ville, cet espace culturel en plein air, en forme de fer à cheval, vous donne l'impression d'être transporté dans une époque lointaine. Il accueille le festival annuel Colonus, qui a lieu tous les étés et propose un large éventail de concerts, spectacles de danse et pièces de théâtre (principalement en grec). À quelques mètres de là, deux monuments commémorent le savant allemand Karl Otfried Müller (mort en 1840) et l'archéologue et philhellène français Charles Lenormant (mort en 1859), tous deux décédés à Athènes. La rue Lenormant, qui traverse Kolonos, a pris le nom de ce dernier.
Lofos Skouze
Sepolia possède sa propre colline, Lofos (signifiant « colline ») Skouze, sur laquelle se dresse l'église de Saint Emilianos. Au début des années 1800, le banquier George Skouze a acheté de grandes parcelles de terre sur les pentes sud-est pour y planter des oliviers, des pins, des cyprès et même quelques vignes. Skouze, qui a donné son nom à la colline, a également fait construire des puits pour apporter l'eau nécessaire à cette végétation. La petite église originelle de Saint Emilianos, construite à l'époque byzantine, s'est effondrée lors du tremblement de terre de 1854. Elle a été reconstruite en 1976 pour lui donner sa forme actuelle. En 1918, les terres de Skouze ont changé de propriétaire et ont failli être victimes du développement de la ville. Heureusement, les protestations des habitants ont permis d'éviter cela. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, des habitants des Cyclades, en particulier de Mykonos, se sont installés dans la région. Une promenade dans les rues tranquilles de la colline, c'est s’offrir une petite visite architecturale à travers les âges et un aperçu de la vraie vie athénienne.
L’Ancienne Fabrique de Tabac (Kapnergostasio)
Le Kapnergostasio a ouvert ses portes pour la première fois en 1925. Il a été rénové à la suite d'un incendie qui l'a laissé en ruines et a rouvert ses portes en 1930. Aujourd'hui, le bâtiment couvre toute une rue et constitue une référence en matière de design industriel. Il abritait autrefois une usine de tabac de 19 000 mètres carrés, où les feuilles de tabac fraîchement coupées entraient par une porte et les paquets de cigarettes prêts à la vente sortaient par l’autre. À l'origine, il s'agissait de quatre bâtiments distincts entourant un atrium. Suite à sa rénovation dans les années 1930, ils ont été recouverts d'un immense plafond de verre résistant aux tremblements de terre. Le bâtiment a été rénové à la fin des années 80 et a été achevé par NEON en 2021. Cette organisation, avec Stegi et l'EMST, contribue à propulser la scène artistique contemporaine d'Athènes vers les sommets. Ce bâtiment remarquable abrite aujourd'hui la bibliothèque du Parlement grec et des expositions temporaires itinérantes organisées par NEON. Sa façade jaune et orange ajoute de la couleur à un quartier qui se faisait jusqu’ici plutôt discret.
Le Complexe Sportif Municipal
Même si vous n'êtes pas féru de basketball, vous avez forcément entendu parler du « Greek Freak ». Giannis Antetokounmpo est né ici même, dans le quartier de Sepolia, où sa carrière de champion a commencé. Après avoir été recruté par la NBA en 2015, Giannis a connu une ascension fulgurante. Une peinture murale représentant le meilleur joueur des Milwaukee Bucks de la NBA s'élançant pour un « smash » s'étend sur l'ensemble de l'un des deux terrains du complexe. Réalisé par l'artiste athénien Same84 en collaboration avec Nike en 2017, cette œuvre d'art a suscité l'envie d'une rénovation complète du complexe sportif, qui attire désormais des personnes de tous âges à se tenir sur le terrain où est née cette légende. Depuis, le terrain est connu sous le nom de « Giannis Court ».
Parc de l'Académie de Platon
C'est vers 387 av. J.-C. que Platon fonda sa célèbre école de philosophie, considérée comme la première université de l'histoire de l'humanité. Lieu sacré par essence, les ruines de l'académie se trouvent à différents endroits du parc, de la Maison sacrée au Gymnase, en passant par le Péristyle carré, tous situés à quelques pas les uns des autres. Bien qu'il n'y ait aucune colonne visible et seulement quelques traces de ce qui se trouvait là il y a plusieurs milliers d'années, le fait de marcher sur les lieux où une grande partie des philosophes occidentaux sont nés, où Platon, Aristote et leurs contemporains et élèves se sont promenés, est vraiment inestimable. On y enseignait non seulement la philosophie, mais aussi l'astronomie, les mathématiques, la politique et la physique. Après la mort de Platon, l'Académie a poursuivi sa mission jusqu'en 529 après J.-C., date à laquelle l’empereur l'empereur Justinien le Grand a ordonné sa fermeture. D'autres fouilles et une restauration complète de la zone sont en cours. Le parc lui-même sera repensé et un musée archéologique (le premier musée écoresponsable du pays) est en projet à l'intérieur de celui-ci. Le parc de l'Académie de Platon est également le point de départ du festival annuel de la ville d'Athènes, qui s’étend sur un mois.