Situé entre les avenues Vassilissis Sofias et Vassileos Konstantinou, Anaktora évoque un simple quartier résidentiel. Pourtant, il n'a rien de modeste : dans son périmètre de deux kilomètres, se trouvent plus de musées à succès que dans n'importe quel autre coin d'Athènes.
Au musée Benaki, plongez-vous dans un panorama de l'histoire, de la culture et de l'art traditionnel grecs, depuis la préhistoire jusqu'au XXe siècle. Si vous disposez d'un peu de temps supplémentaire, avancez de quelques mètres dans la rue pour voir la plus vaste collection mondiale d'objets antiques des Cyclades, au musée d'art cycladique. Situé également sur l'Avenue Vassilissis Sofias, le musée byzantin et chrétien regorge d'art et d'objets religieux, des icônes aux retables. Il est par ailleurs entouré de l'un des plus beaux jardins secrets de la ville. Si vous appréciez les équipements militaires, le musée de la guerre retrace l'histoire du pays à travers ses conflits militaires. (Attendez-vous à une vision orientée plutôt vers les victoires que vers les défaites : le musée a été érigé par la junte en tant que « monument à la valeur et aux prouesses militaires grecques »).
Ces dernières années ont fourni trois autres raisons impérieuses d'ajouter le quartier des musées de la ville à votre itinéraire. Tout d'abord, le très attendu Musée d'art contemporain Goulandris qui a ouvert ses portes à Pangrati en octobre 2019. Ici, les visiteurs d'Athènes peuvent contempler des chefs-d'œuvre de Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Monet, Degas, Rodin et Picasso, aux côtés d'œuvres de célèbres peintres grecs. Le Lycée d'Aristote, l'une des trois célèbres écoles de philosophie de l'Athènes antique, a été découvert sur ce qui devait être le site initial de la galerie. C'est ici qu'Aristote se promenait autrefois, discutant de philosophie et de mathématiques avec ses élèves. Et enfin, cimentant le statut du quartier en tant que centre culturel à la fois ancien et contemporain, le musée phare du pays, la National Gallery, a rouvert au printemps 2021 après une audacieuse métamorphose.
Ce quartier du centre-ville ne se limite pas aux musées toutefois.
Le palais présidentiel et le bureau du premier ministre
Le pouvoir exécutif est concentré dans deux magnifiques demeures au coeur d'Irodou Attikou, une rue étonnamment calme qui longe le jardin national. Un symbole subtil : les quartiers du premier ministre se trouvent simplement dans un domaine clôturé et sont plus directement accessibles à la population, tandis que la présidence, plus distante, est séparée de la rue par une large pelouse.
Des evzones montent la garde devant le palais présidentiel. Celui-ci fut conçu en 1890 par Ernst Ziller pour devenir le palais du prince héritier Constantin, mais sert de résidence cérémonielle du président depuis l'abolition de la monarchie en 1974. Entre les visites d'Etat, le bâtiment sommeille, hormis quand des visiteurs viennent prendre des photos de la relève de la garde, toutes les heures. À côté, le bureau du premier ministre est un centre d'activité, devant lequel sont souvent campés les médias. Connu sous le nom de « villa Maximos », il fut construit en 1924 et était à l'époque une demeure privée. Bien qu'il s'agisse de la résidence offcielle du premier ministre, aucun chef de gouvernement n'y a jamais vécu.
Le Conservatoire d'Athènes
Avant que ses 5000 m² de salles de concert et son impressionnant porche de 150 mètres ne soient emplis de monde et de musique, ce brillant hymne au style Bauhaus, en marbre, a été négligé pendant presque 50 ans. Commandé en 1959 à Jean Despo, étudiant grec de Walter Gropius, le Conservatoire (ou l'Odéon, comme on l'appelle à Athènes) a eu la malchance d'être achevé en 1971, quatre ans après la prise du pouvoir par la junte en Grèce. Considéré comme trop « étranger » par les dictateurs, sa réputation a été ternie et ce n'est pas avant 2016 qu'on l'a officiellement inauguré.
L'activité des étudiants déborde souvent des 35 salles de classe et des deux auditoriums, en concerts impromptus qui ravissent les jeunes visiteurs du petit musée hellénique des enfants, au rez-de-chaussée. Fin 2002, cinq nouveaux espaces ont été ajoutés au Conservatoire dans le cadre d'un projet d'expansion : un amphithéâtre souterrain de 600 places, une scène expérimentale polyvalente de 200 places, des salles de conférence et des espaces destinés à accueillir expositions et autres événements.
Le parc Rizari
Les navetteurs qui sortent de la station de métro Evangelismos foulent les vers de Cascando de Samuel Beckett, utilisés dans une installation de l'artiste David Harding, et oublient les plaisirs de ce petit parc urbain. Au départ domaine du séminaire Rizarios, cet écrin de verdure contient des vestiges romains, des oeuvres de grands artistes contemporains tels que Giorgos Zogolopoulos et l'une des sculptures modernes les plus anciennes de la ville : un buste en marbre de l'érudit des Lumières Neophytos Doukas, par Christian Hansen. Le séminaire Rizarios a été fondé en 1841 par un marchand d'Épire à Odessa, qui avait contribué au financement de la guerre d'indépendance grecque. L'église d'Agios Georgios, avec son dôme argenté, qui se trouve à côté d'Evangelismos, faisait partie du séminaire. Outre les peintures murales intérieures, réalisées par Eleni Prosalenti, artiste corfiote du XIXe siècle, la crypte de l'église contient les vestiges de Rizarios.
Le Coureur
Aucun autre endroit à Athènes ne donne un aperçu aussi concentré de l'évolution architecturale de la ville que le petit triangle occupé par la sculpture immense et expressive de Costas Varotsos, toute en verre vert foncé. La statue a été installée à cet endroit en 1988, signe avant-coureur de la modernisation perpétuelle d'Athènes, puisque son expansion s'est poursuivie au-delà des limites de la ville fixées en 1884, lors de la construction de l'hôpital Evangelismos. La première vague d'expansion, durant l'entre-deux-guerres, annonçait les immeubles à appartements avec leurs éléments saillants caractéristiques, ou oriels, de l'autre côté de la rue. Le Hilton d'Athènes, qui est aussi bien un monument qu'un hôtel, marque la deuxième vague d'expansion : la reconstruction d'après-guerre, quand la ville s'est débarrassée de son style néoclassique. Ce saut radical dans le modernisme a été scellé par les « gravures » expressives de Yannis Moralis, le long de la façade ouest de l'hôtel. La silhouette intemporelle de l'Hilton et l'art de Moralis seront entièrement préservés alors que l'hôtel subit une rénovation complète pour renaître sous le nom d'Athens Conrad en 2025.
La Galerie Nationale
La civilisation grecque n'a pas pris fin il y a trois mille ans. Si vous cherchez un lien entre la Grèce antique et contemporaine, il est facile de le trouver à la National Gallery. Le 1941 Head of Youth de Yannis Tsarouchis est un portrait moderne du kouros (la représentation sous forme de statue nue d’une jeunesse idéalisée). Le Street Market (1979-1982) de Panagiotis Tetsis, une peinture murale de 50 mètres, est une version colorée de l'ancienne Agora. Regardez de près n’importe laquelle des 20 000 œuvres de la collection de la Galerie Nationale, et vous verrez les liens qui unissent la création artistique grecque à travers les siècles, une célébration et une étude du corps humain, de la lumière et des topos.
Classés par période chronologique, les peintures et les croquis vous guident à la fois à travers les tribulations et les célébrations qui ont fait l'histoire grecque, chaque chapitre illustré dans un style visuel distinct, de la transition de l'art religieux Byzantin à une vision plus ouverte et libérée de la Grèce et de l' Âme grecque. Mais pas besoin de vous transformer en philosophe. Laissez simplement l'ambiance de chaque tableau vous envahir, et profitez de la célèbre lumière grecque qui se déverse dans les grands espaces de la galerie, grâce à un nouveau design astucieux.
Le jardin national et le Zappeion
Créé au milieu des années 1800 en tant que projet de la Reine Amalia, l'ancien jardin royal est devenu un point central de la vie d'Athènes depuis qu'il a été déclaré espace public en 1927. Le parc, qui couvre une surface de 158 000 m², présente une diversité impressionnante de plantes - plus de 500 espèces -, dont la plupart sont importées d'aussi loin que la Chine ou le Guatemala. Elles sont disposées de manière à créer des effets particuliers, comme la rangée de palmiers près de la porte d'Amalia. Ces richesses botaniques attirent les oiseaux, depuis les colonies de perroquets jusqu'aux pics et aux seules espèces de troglodytes d'Europe. Entrelacés de lierre, les pavillons et les bancs isolés en fer forgé font un cadre romantique pour les couples d'amoureux et les piques-niques.
Le parc du Zappeion, adjacent au jardin national, est aux familles ce que ce dernier est aux amoureux. Le domaine se déploie à partir du hall en fer à cheval, utilisé pour des expositions et des réceptions officielles. Il fourmille d'activités, allant des foires aux livres étalées sur des week-ends entiers jusqu'à Art Athina, la plus grande expo d'art du pays. La plupart du temps, de nombreux habitants se promènent à l'ombre, se détendent dans l'élégant café-restaurant ou regardent un film au cinéma en plein air. Il y a également un terrain de sport pour les enfants, avec un mur d'escalade, des trampolines et des terrains de volley, de tennis, de basket et de football.