Madrid est peut-être la seule capitale au monde à posséder sa propre appellation de vin, mais Athènes demeure l’une des rares grandes villes à avoir des vignes à sa porte. Bien qu’elle ne soit pas aussi connue que la région viticole de Vienne, la Mésogée, à 30 km à peine du centre d'Athènes, est couverte de plus de 650 hectares de vignes, que vous survolez lorsque votre avion descend vers l'aéroport international d'Athènes. Les vignes de Mésogée, situées entre le Pentélique au nord et le mont Hymette au sud, approvisionnent la capitale en un vin quotidien, bon marché, depuis des siècles.
Avant l’avènement des fast-foods et des restaurants chics, les Athéniens allaient aux koutoukia, petits bars-tavernes qui servaient du vin blanc des domaines viticoles du nord-est d’Athènes. La marque de fabrique d’un bon koutouki était son impressionnante collection de fûts de différents vins. Les habitués avaient toujours leur préféré. Le vin était servi au litre, dans des pichets en étain colorés tels que ceux que l’on utilise encore actuellement dans de nombreuses tavernes grecques.
On considère la Mésogée comme le lieu de naissance du retsina. Le cépage local, le robuste Savatiano, peut donner d’excellents vins résinés, ainsi qu’une large gamme de vins blancs secs non résinés. Au cours des trente dernières années, les vinifications expérimentales du Savatiano ont si bien réussi qu’il est maintenant considéré comme l’un des raisins les plus intéressants que la Grèce ait à offrir. Il demeure la culture numéro 1 du district d’Attique de l’est, connue également pour ses figues royales et ses pistaches de qualité. Deux autres zones de la périphérie d’Athènes possèdent d’importants vignobles : l’une au nord, qui s’étend de Stamata au village d’Afidnes, et l’autre à l’ouest, autour de la ville de Mégare.
Au tournant du XXe siècle, il y avait des milliers d’hectares de vignes plantées dans toute l’Attique, qui était alors la région viticole la plus importante du pays. Hélas, la majorité d’entre elles ont disparu à mesure que la ville s’étendait dans toutes les directions, particulièrement à partir du milieu des années 1960. Le problème s'est aggravé par le fait qu'en Attique, la terre était divisée en milliers de parcelles, ce qui rendait presque impossible la réalisation d'économies d'échelle pour les viticulteurs. Ceci conduisit nombre d’entre eux à abandonner la viticulture.
Quand l’aéroport d’Athènes fut déplacé, en 2001, de la banlieue oust de Glyfada à son emplacement actuel, à Spata, plus de 1800 hectares de vignes furent sacrifiés. Cependant, cette perte fut compensée par un décret stipulant que toutes les terres aux alentours demeureraient indéfiniment des terrains agricoles. C’est ce qui a sauvé une grande partie des vignobles de l’Attique, qui ont toujours été concentrés sur Spata, Markopoulo et Koropi.
Les Néo-Zélandais ont développé une théorie selon laquelle ce n’est pas seulement la quantité de lumière du jour, mais aussi sa qualité, qui ont un impact sur la maturation du raisin et sur la qualité finale du vin. Si tel est le cas, les vins de l'Attique, dont la lumière spéciale est louée depuis l’Antiquité, ont là un allié puissant.
Les vins produits à partir du raisin Savatiano sont peut-être les plus « grecs » au goût : sans avoir un arôme intense, ils sont élégants et se laissent apprécier facilement, en rendant des arômes méditerranéens qui rappellent une balade dans les bois (grecs). En termes oenologiques, ils ne sont pas fruités ni minéraux, mais végétaux, avec des notes de foin et d’herbes telles que le thym. Il ne s’agit certes pas d'un profil aromatique très à la mode de nos jours, mais un certain nombre de « viticulteurs rebelles » persistent à cultiver et à explorer le Savatiano, malgré sa relative impopularité auprès des consommateurs grecs sophistiqués. Ce que de nombreux experts préfèrent dans le raisin Savatiano est sa bouche corsée, voire robuste, qui en fait un accompagnement idéal de nombreux plats traditionnels grecs.
Tous les établissements vinicoles de l'Attique ont élargi leur gamme au-delà des vins Savatiano, pour inclure d’excellentes bouteilles de vins de Malagouzia et d’Assyrtiko, ainsi que des rouges, principalement l’Agiorgitiko. Il existe actuellement plus de quarante établissements en activité dans la région de Mésogée et au-delà, mais peu d'entre eux sont ouverts aux visiteurs. L’avantage est qu’ils sont si proches d’Athènes que l’on peut accéder à certains en transports en commun - cependant, une voiture sera préférable si vous voulez traverser les vignobles et combiner la visite d’un ou de plusieurs établissements avec d’autres attractions ou plages à proximité.
Les établissements suivants sont ouverts au public et accessibles pour des visites et des dégustations. Appelez ou envoyez un courriel à l’avance, pour organiser votre visite.
Ktima Kokotou
Une belle propriété en pleine nature, à 23 km au nord d’Athènes. Le domaine a été fondé en 1980 par George et Anne Kokotos. Si vous êtes chanceux, vous serez guidés par Anne, qui est Anglaise et passionnée de vin. L’établissement est connu pour ses produits élégants et sophistiqués. Les vins à goûter : leur impeccable Savatiano, leur élégant Chardonnay et le Kokotos Estate Red, qui a été primé.
- Domaine Kokotos, Stamata, 145 75
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Accessible aux fauteuils roulants
- +30 210 814 5113
- Site internet
Domaine Papagiannakos, Markopoulo
Vasilis Papagiannakos est le premier viticulteur de Grèce à avoir construit un établissement vinicole bioclimatique, conçu par l’architecte primée Elena Stavropoulou. Le beau bâtiment, impressionnant, est construit en grande partie en bois et possède de grandes fenêtres donnant sur les vignes. Les vins sont très modernes et populaires sur les marchés d'exportation. À goûter : un Savatiano charnu de vieilles vignes, une version ultra-moderne du Retsina et un Granatus, rosé vraiment impressionnant.
- Pythagora, Markopoulo, 190 03
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Accessible aux fauteuils roulants
- +30 229 902 5206
- Site internet
Vignobles Markou, Péania
Cette entreprise familiale date de 1908, quand l’arrière-grand-père des propriétaires actuels a planté des vignes Savatiano dans la région. Cette famille viticole a aussi ouvert une taverne dans le quartier de Plaka en 1950 (qui a toujours du succès, au n°12 de la rue Aeschylou). Elle est appelée Oenopolio, ce qui signifie « cave à vin ». À goûter : leur Savatiano sans sulfites, leur Savatiano vieilli en fût et leur Malagouzia parfumé, du cépage grec le plus prometteur.
Domaine Mylonas, Keratea
Ce petit établissement - et fier de l’être - a été créé en 1917. Il est dirigé par les trois frères Mylonas, qui se sont fait connaître comme ambassadeurs du Savatiano. Le viticulteur Stamatis Mylonas n’a pas besoin de se montrer très convainquant pour organiser une dégustation verticale de ses vins de Savatiano, ce qui prouve l'excellence de ce cépage. Son Assyrtiko robuste est également incontournable.
Domaine Vassiliou
George Vassiliou, qui s’est formé à Dijon, a concentré sa production de vin blanc dans son établissement de Koropi, tandis qu’il délocalisait celle de vin rouge dans son autre établissement, à Nemea (Péloponnèse). Son étiquette, Ambelones Vassiliou, est un parfait exemple d’un mélange classique Savatiano-Roditis. Quant à son Savatiano Fumé, il a été le tout premier Savatiano fermenté en tonneau. L’établissement est si proche de l’aéroport que l’on pourrait presque s’y rendre à pied.
Domaine Gikas
Cette entreprise d’un père et de sa fille est une merveille. Si le sort vous est favorable, c’est à la fois Andreas et Vicky qui vous guideront dans la dégustation du vin. Tous deux oenologues, une génération les sépare, ce qui fait que parfois, il y a dans l’air comme un désaccord sur le goût des vins - un bonus pour le visiteur averti. Leurs vins sont délicieux, charnus et tout à fait gouleyants. La cave est petite et accueillante. Ne manquez surtout pas leur retsina Pine Forest et leur Syrah rouge.